Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Du jeu de carte aux peintures hallucinatoires, un détour par ces œuvres qui invitent à la méditation

Retrouvez tous les épisodes de la série « L’art en quête de transcendance » ici.
« Dans les galeries paisibles, au crépuscule, découvrez en pleine conscience la rétrospective de Mark Rothko » : au printemps dernier, la Fondation Louis Vuitton, à Paris, proposait des « parcours contemplatifs » à travers son exposition, menés à deux voix, par une professeure de méditation et un médiateur culturel. Si les qualités vibratoires de la peinture abstraite de l’artiste américain, dans laquelle la composition de blocs de couleur, souvent verticaux, invite à la contemplation et suggère une élévation spirituelle, le lien entre Rothko (1903-1970) et la méditation est particulièrement notable dans sa dernière œuvre.
En 1964, le couple de collectionneurs Jean et Dominique de Ménil l’avait chargé de créer un espace de méditation aux abords de leur musée, à Houston, au Texas. L’artiste se suicidera en 1970, quelques mois avant l’ouverture de cette chapelle non confessionnelle octogonale, où un puits de lumière central éclaire quatorze peintures au violet profond.
Les pratiques de méditation remontent à l’Inde ancienne et aux traditions védiques (environ 1500-500 av. J.-C.), avant que le bouddhisme ne développe différentes techniques pour atteindre l’illumination. En Chine, les pratiques méditatives taoïstes (VIe siècle av. J.-C.) incluent des pratiques de visualisation, de respiration et de mouvement, quand, au Japon, où la méditation est une pratique centrale du zen, l’accent est mis sur la posture assise et la pleine conscience avec, pour prolongements artistiques, la peinture sumi-e, ainsi que la calligraphie, au pinceau et à l’encre noire.
Les moines des premiers siècles du christianisme pratiquaient une prière contemplative, tandis que du côté de l’islam, les mystiques soufis ont développé des pratiques méditatives entre récitations de prières et danse aux VIIe et VIIIe siècles. En Occident, la méditation a gagné en popularité au XXe siècle sous l’influence d’enseignants spirituels orientaux et des mouvements de contre-culture. Les conférences données en 1952 par le spécialiste japonais D. T. Suzuki (1870-1966) à l’université de Columbia, à New York, ont ainsi connu un fort retentissement, et contribué à faire découvrir le bouddhisme zen à de nombreux artistes.
Du côté des stars de l’art contemporain, l’Américain James Turrell, né en 1943 dans une famille quaker, parsème le monde depuis les années 1970 de ses Skyspaces, des bâtiments futuristes et mystiques conçus comme des bulles de méditation. Ces capsules minimalistes sont destinées à observer, depuis des bancs disposés le long des murs, le ciel et ses variations à travers une ouverture découpée dans leur toit, au naturel ou, le plus souvent, dans un jeu sophistiqué de LED de couleur qui soulignent ou brouillent la perception.
Il vous reste 54.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish